Triste anniversaire et joyeux Noël !

Voilà un an, jour pour jour, que les directeurs-trices des CIO de l'Académie ont été réunis, pour se voir présenter l'innommable, et devoir imaginer l'impensable.

Le 17 décembre 2013 -un mardi-, les DCIO sont donc convoqués, en début d'après-midi, au Rectorat.

Des bruits courent depuis plusieurs jours dans tous les CIO de l'Académie : le Rectorat aurait pour projet d'en fermer rapidement une dizaine (sur les 17 existant alors) ! Personne ne veut y croire, les collègues continuent leur travail en se disant "Non, c'est une bêtise. C'est impossible, voyons, c'est beaucoup trop gros pour être vrai. C'est un poisson d'avril, en pleine période de Noël".

Mais la rumeur, d'abord lancinante, enfle peu à peu jusqu'à ce mardi 17, jusqu'à s'imposer dans tous les esprits. On aurait annoncé aux chefs d'établissement, dans l'une de leurs réunions, la réorganisation de la carte des CIO. On leur aurait fait miroiter l'impossible équation : moins de CIO = COP plus présents dans les établissements.

Ce mardi 17, les deux tiers des personnels de CIO de l'Académie se retrouvent devant le Rectorat pour manifester préventivement leur désaccord. Au cas où, réellement, le Rectorat aurait pu tomber dans la quatrième dimension.

L'angoisse est palpable, dans le froid et l'atmosphère sombre d'un après-midi de décembre. Entre deux chansons ou slogans, qui tiennent chaud au corps et à l'esprit, les sourires retombent. Les collègues ont le masque.

Dans l'après-midi, le verdict est annoncé. Le choc est terrible. L'administration vient d'annoncer aux directeurs la fermeture des CIO d'Eu, Neufchâtel-en-Bray, Fécamp, Le Havre-nord, Montivilliers, Barentin, Rouen-centre, Elbeuf, Vernon et Bernay !

Dix centres d'information et d'orientation, 60% des services sur le territoire académique, rien que ça !!!

La raison ? Officiellement : contribuer à l'orientation des élèves !!! En réduisant le nombre de CIO, on y réduirait aussi le temps d'intervention des COP, et on maximiserait leur présence en établissement. Un argument qui sera -évidemment- rapidement battu en brèche !

La colère des personnels explose : arguments fallacieux pour justifier des fermetures dues aux seules contraintes budgétaires à court terme, mépris total des personnels (qui n'ont pas été les premiers prévenus !) et des usagers, décision soudaine et arbitraire, car non discutée avec les représentants des personnels d'abord...

L'autoritarisme et l'incompétence de l'administration rectorale éclatent ainsi au grand jour.

La résistance s'organise rapidement. La presse papier, radio, télé, relaie le combat. Les soutiens affluent : organisations syndicales, parents d'élèves, personnalités politiques de tout bord, partenaires (établissements scolaires, orthophonistes, PJJ...). Le Rectorat est vite dépassé par le tour médiatique que prennent les choses.

Les administratifs se rendent compte que leur communication, basée sur un immense coup de bluff (moins de CIO = plus de COP) a lamentablement échoué. Ils ont pris les personnels de CIO et les usagers pour des imbéciles, et ils paient ainsi très cher le juste retour de leur incommensurable mépris. Il y a tout de même comme une forme de justice : l'administration académique passe pour une bande de guignols aux yeux du grand public.

Pour calmer les choses, retour en arrière : on ne ferme plus que cinq CIO, à l'horizon 2014. L'administration a-t-elle réellement pu penser que cela suffirait à calmer la colère des personnels ? Toujours pas de concertation, toujours une fermeture massive des structures. Et toujours la mise en résidence des COP en établissement, c'est à dire la négation de leur appartenance professionnelle au réseau des CIO !

Les actions se succèdent, de manifestations en coups médiatiques. Environ 6 mois après la première annonce, le ministre en personne est interpelé, lors d'une visite de lycée à Sotteville-lès-Rouen. Les représentants de l'administration académique sont pris une nouvelle fois à revers ; l'inconséquence de leur projet de réorganisation est portée au ministre, devant les caméras qui se régalent de ce coup d'éclat.

La mise en résidence est abandonnée, et on tombe à trois fermetures. Toujours trois de trop.

Début juillet, le déménagement du CIO de Bernay, qui doit fusionner avec celui de Pont-Audemer, est empêché dans un premier temps par le Collectif. Nous parvenons à négocier la réouverture d'une antenne pour la rentrée 2015.

En septembre, le Rectorat revient sur sa parole, prétextant le fait de ne pas avoir trouvé de solution (en a-t-il seulement réellement cherché ?). Pourtant, l'engagement pris en juillet n'était pas circonscrit au fait de trouver un logement gratuit ; le Rectorat peut financer cette réouverture, dont les usagers bernayens ont besoin ! A moins qu'il ne préfère passer, une fois de plus, pour un menteur...

Question mensonge, notre Collectif n'est pas au bout de ses surprises. Après avoir fermé les CIO de Barentin, Montivilliers, Bernay sans aucun arrêté légal ne le confirmant, le Rectorat déclare qu'il n'y aura pas d'autre fermeture. Puis annonce les "regroupements" du Havre-nord au Havre-sud et de Rouen-centre à Rouen-sud. Deux CIO se retrouveraient à chaque fois en un seul lieu, ce qui réduit le nombre de lieux d'accueil du public et détériore les conditions de cet accueil.

Des fermetures-fusions déguisées, donc. Nous qui pensions que le Rectorat avait compris qu'il ne fallait d'user d'aucun artifice de langage avec nous ? Tant pis pour les administrateurs, s'ils n'ont toujours pas compris que leur plan communication est éculé, et particulièrement inefficace ; tant pis pour eux s'ils n'ont pas compris que nous pouvons l'utiliser contre eux, en les faisant de nouveau passer pour des imbéciles.

Fidèles à notre institution, et ayant pour mission indépassable, souveraine, au-dessus de toute autre, le service du public, nous sommes obligés de nous désolidariser de notre administration, qui s'accommode avec la réalité, méprise tout et tout le monde, et n'a qu'une seule idée en tête : le démantèlement des services pour des raisons d'économie fort douteuses.

Les gestionnaires à courte-vue, ceux-là même qui précipitent la collectivité dans une chute toujours plus abyssale au lieu de l'en préserver, n'auront pas gain de cause à nos yeux. Ils constituent un boulet attaché à la cheville de Education nationale, dont elle devra un jour prochain se débarrasser pour espérer continuer d'avancer.

Notre Collectif, toujours debout et combattif, lutte pour que les services d'orientation de l'Education nationale puissent avancer avec tout le système éducatif. Nous poussons toujours plus vers l'avant, mais le boulet risque bien de nous stopper net.

Voilà donc un an que nous nous battons contre les gens qui imposent l'inertie au système, sous prétexte de lui faire faire des économies : notre propre administration.

Triste anniversaire, mais nous restons optimistes, car nous sommes encore là. Affaiblis par les coups portés par le Rectorat ; mais pas assez pour ne pas s'en relever, ni reprendre notre marche en avant !

En cette période de fêtes de fin d'année, voici notre voeu : un changement d'administration académique, afin qu'un vrai dialogue puisse enfin être noué avec elle, et que l'institution scolaire publique ait une chance de reprendre sa marche en avant dans notre belle région haut-normande.

SAUVONS NOS CIO.