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Non à la fermeture des Centres d'Information et d'Orientation (CIO) dans l'Académie de Rouen

Le Rectorat de Rouen décide de fermer de nombreux CIO dans l'Académie en 2014-2015. Quelles conséquences pour les usagers, élèves, parents, étudiants, adultes ?...

Le point sur la situation - 17/12/15

Publié le 17 Décembre 2015 par cio académie rouen in Le point sur la situation, Informations

Le point sur la situation - 17/12/15

Il y a exactement deux ans, jour pour jour, a lieu devant le Rectorat de Rouen une manifestation d'une ampleur inégalée. La moitié des personnels des Centres d'information et d'orientation (CIO) de l'Académie est regroupée devant les grilles, afin d'exprimer sa colère unanime contre un projet fou : supprimer 10 des 17 CIO de l'Académie.

Le Rectorat y voit un moyen de réaliser des économies de bouts de chandelles et argumente fallacieusement sur la nécessité de mettre "en résidence" les conseillers d'orientation-psychologues (COP) dans les établissements scolaires.

Les COP, et tous leurs soutiens, répondent que c'est idiot, que les CIO sont des organismes ouverts à tous les publics, donc ouverts sur le monde, et qu'ils oeuvrent à plus d'égalité sur le territoire. Dissocier COP et CIO est inutile, peu efficace en coût, et somme toute dangereux. Mais les COP ne sont pas écoutés dans un premier temps.

Après des mois de lutte, quelques actions d'éclat, une contre-propagande médiatique élaborée et quelques réunions houleuses, la situation "se stabilise" autour de la fermeture des CIO de Barentin, Montivilliers, Bernay et Le Havre-nord, du regroupement des deux CIO rouennais au même endroit, du maintien des structures sur Vernon, Eu, Elbeuf, Neufchâtel, Fécamp. Et surtout, les COP demeurent affectés en CIO, ce qui garantit leur indépendance d'esprit au service des familles, et leur travail d'équipe.

Deux ans après le début de la guerre, et alors qu'une paix relative s'est instaurée entre l'administration rectorale et les personnels de terrain, quelle est la situation aujourd'hui ?

1) Sur l'Académie de Rouen

La Rectrice a changé, et ce n'est pas un mal, tant le dialogue était défaillant entre la suprême autorité académique et les représentants des personnels de CIO. L'ancienne Rectrice a d'ailleurs depuis été inquiétée juridiquement, et s'est fendue dernièrement d'un nouvel acte d'autoritarisme dans sa nouvelle académie. Nous ne regretterons donc pas de nous être confrontés à elle, car cette personnalité particulière nous laissait-elle seulement le choix ?...

Pour le reste, les CIO disparus créent des manques, que rien ne remplace. C'est particulièrement prégnant sur la zone de Bernay, enclavée dans l'ouest de l'Eure. Pourtant, une promesse avait été faite -et s'avère donc non tenue, ce qu'en langage courant on appelle "un mensonge"-, promesse avait donc été faite par le Rectorat de rouvrir une annexe de CIO, dépendant de celui de Pont-Audemer.

Sur Rouen, les deux CIO coexistent dans un même lieu, 40 personnes sur moins de 200 mètres carrés, sans compter évidemment le flux important des consultants. Les conditions d'accueil sont déplorables, et ce ne sont pas quelques travaux d'apparat qui changeront cela.

Le report de fréquentation de la rive droite est insuffisant, la Seine jouant toujours ce même rôle de frontière naturelle et sociologique, ce dont le Rectorat ne semble avoir cure. Un "site" sans existence officielle a été créé à Mont-Saint-Aignan, dans les locaux de Canopé (ex-CRDP), pour lequel l'administration a tardé à réaliser la communication. Cependant, sa fréquentation est en constante hausse, ce qui montre bien les besoins de la grande rive droite.

Pourquoi laisser deux entités administratives sur le même lieu, rive gauche, alors qu'un lieu sur la rive droite ne bénéficie d'aucune entité administrative, lui ? Mystère et boule de gomme... Ne comprenant pas cette très visible incohérence, une délégation du SNES a posé la question en audience le 9 novembre dernier. La réponse demeure très évasive, et ressemble fort à une question de principe : l'administration ne revient pas sur sa décision, elle paraîtrait faible. C'est vrai que c'est tellement mieux de paraître bornée...

Autre question soulevée en audience : la mise en place du Service public régional d'orientation (SPRO), qui commence à prendre une place démesurée et menace de mainmise sur les CIO. Ah mais non, vous savez, les personnels de CIO se font des idées... Tant que les régions n'ont pas fusionné et que les élections ne sont pas passées, impossible de connaître la réelle stratégie de la nouvelle Région normande... On ne devrait donc pas tarder à en savoir plus. Et ce sera sans doute hélas.

2) Sur la Région académique

Ce qui nous amène au sujet de l'expérimentation de la "super-académie", qui colle aux nouvelles frontières régionales. Quel est le plan d'ensemble pour les CIO, en sachant que quatre CIO ont déjà fermé sur l'Académie de Rouen, et qu'un CIO a déjà fermé sur Caen ?

Une réunion syndicale interacadémique à Caen, le 13 novembre dernier, a permis d'éclairer ce point : un CIO par département bas-normand est prévu à la fermeture prochainement ! Flers (61), Avranches (50) et... l'autre CIO de Caen (14) sont sur la sellette. Oui, vous avez bien lu : il n'y aurait plus de CIO dans une ville préfecture de département et siège d'académie, une première en France. Parfois, être le le premier à faire quelque chose révèle non pas un avant-gardisme formidable, mais bien une incommensurable ignorance des choses.

Cette incommensurable ignorance s'est confirmée dernièrement dans les propos du Recteur de Caen, nommé pompeusement recteur coordonateur, c'est à dire interlocuteur unique des deux académies avec la nouvelle région : "Notre objectif est de maintenir la mission des conseillers d'orientation-psychologues (COP), qu'ils suivent les jeunes là où ils sont, pas forcément dans un centre dédié. Ce peut être une permanence dans une mairie, dans les maisons des services publics... Il ne faut pas perdre de vue que la fréquentation des CIO est en baisse. Il y a toujours des visites de classes, mais les visites isolées de familles diminuent : elles s'informent en ligne."

Chassez les sottes pensées par la porte, elles reviennent par la fenêtre... Ce type de discours, que ne l'avons-nous déjà entendu dans notre académie de Rouen... Si la fréquentation des CIO est en baisse, ce n'est pas le cas de leur quantité de travail, les situations s'avérant de plus en plus complexes et chronophages. De plus, et nous ne le répéterons jamais assez : les permanences en mairie ou autre, ça ne marche pas ! Enfin, le rôle des CIO n'est pas que d'informer, mais aussi et surtout d'accompagner, ce qu'aucun site internet, si bien conçu soit-il, ne pourra jamais réaliser.

Le Recteur de Caen se trompe, mais au juste cherche-t-il probablement à trouver une justification à l'injustifiable. Car s'il est prompt à s'exprimer au sujet des CIO, il semble bien le dernier à en comprendre le fonctionnement et l'utilité sociale. La moindre des choses, quand on est Recteur, surtout Recteur coordonnateur, c'est quand même de connaître a minima les structures de son Académie.

3) Sur tout le territoire national

Dans tout cela, ne perdons pas de vue que la trame générale des fermetures de CIO émane d'un Ministère qui ne parvient pas à assumer les conséquences désastreuses de son manque d'engagement et de réassurance sur le dossier des CIO. En n'étatisant pas l'ensemble des CIO menacés de disparition en raison du désengagement financier et progressif des Conseils départementaux, c'est quand même l'Etat qui demeure le principal responsable de la destruction du réseau, sans le reconnaître.

Grâce à deux stratégies médiatiques, le Ministère botte en touche. Premièrement, en créant le corps unique des psychologues de l''Education nationale, une bonne idée réclamée depuis longtemps, le Ministère tente de montrer qu'il se modernise et qu'il dialogue. Mais en enlevant tous les moyens de fonctionner à ce nouveau corps (appauvrissement généralisé des RASED et des CIO), cela ne demeure qu'un voeu pieux !

Secondement, le Ministère explique qu'il reprend 70 CIO menacés à sa charge, ce qui tendrait à prouver qu'il veut sauver les CIO... Sauf qu'il en oublie 160 autres au passage ! Le Ministère est donc loin, très loin, de cet objectif prétendu : sauver le réseau des CIO !

Partout, des CIO continuent de fermer, ou d'être menacés, dans les académies de Paris, Rennes, Versailles, Créteil, Orléans-Tours, et plus récemment dans celles de Nice (pétition ici) ou d'Amiens !

Sans oublier que le SPRO menace de détourner les CIO restants de leurs missions premières : accompagner les publics scolarisés, ou proches de l'être, sur la voie de la réussite dans l'Ecole.

Plus que jamais, il demeure nécessaire de nous rassembler derrière notre cri d'alerte : SAUVONS NOS CIO !

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