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Non à la fermeture des Centres d'Information et d'Orientation (CIO) dans l'Académie de Rouen

Le Rectorat de Rouen décide de fermer de nombreux CIO dans l'Académie en 2014-2015. Quelles conséquences pour les usagers, élèves, parents, étudiants, adultes ?...

Le marché de dupes

Publié le 13 Juin 2014 par cio académie rouen in Informations

Le marché de dupes

"Monsieur, écrivez-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer." - Michel Colucci, dit COLUCHE

Honteux. Le mot n'est même peut être pas encore assez fort pour qualifier le résultat de l'arbitrage ministériel.

Alors que le premier soir d'audience, mardi, avait suscité quelques espoirs de notre côté, le second soir a ramené tout le monde dans la dure réalité : celle d'un Ministère incapable d'avoir la loi sur un recteur.

L'Education Nationale n'a plus de "nationale" que le nom, ce n'est même plus une certitude : c'est un fait. N'importe quel recteur peut échafauder un projet violant les droits élémentaires des usagers du service public, le Ministère fera semblant d'intervenir, et la mollesse de cette intervention ne débouchera que sur le fait de renforcer le recteur en question dans son bon non-droit.

Explication de texte.

Quatre heures d'audience mardi, au Rectorat, se déroulent entre une délégation des personnels, quelques personnalités haut-placées au Rectorat, dont M. le Secrétaire général, et un Inspecteur général dépêché par M. le Ministre lui-même, chargé de la médiation et de réinstaurer le dialogue.

Le sentiment à la sortie est plutôt positif ; les collègues de la délégation ressortent avec l'impression d'avoir été entendus dans leurs arguments. Ils ne sont pas naïfs au point de croire que la partie est gagnée ; mais au moins, ils ont été invités à la jouer...

Changement de sens après les deux heures d'audience mercredi... Malgré le discours rassurant de M. l'Inspecteur général, le bilan positif de l'arbitrage de M. le Ministre est bien maigre :

- La notion de zonage disparaît, les équipes des CIO seront à nouveau en capacité de proposer une répartition des secteurs d'établissements. Les zones d'exercice imposées par le Rectorat étaient de toute façon un projet impossible à mettre en place, et ne correspondant à aucun impératif pédagogique...

- Les fermetures de 2015 ne sont plus actées d'avance. Le Ministère impose l'organisation d'un groupe de travail académique pour la rentrée 2014, incluant les élus des personnels, chargé d'étudier la carte des CIO, et censé rendre des conclusions avant 2015. C'est le cas de toutes les académies, nota bene...

- Le moratoire d'un an que notre collectif réclamait pour toutes les fermetures est accepté pour... le seul CIO d'Eu, dont la situation sera revue dans le groupe de travail précédemment cité.

Pour le bilan négatif, en revanche, l'addition tendue par M. le Ministre est lourde : quatre fermetures, c'est ça, "l'arbitrage" ministériel !

- Le CIO de Vernon disparaît pour fusionner avec celui de Louviers. Cependant, comme la municipalité de Vernon serait d'accord (au conditionnel !) pour refinancer les locaux, suite au désengagement du Conseil général, il serait maintenu un... une... M. l'Inspecteur général ne sait même pas comment nommer la "chose" proposée, fonctionnant comme une antenne, mais sans en avoir le nom (??). Il réaffirme que M. le Ministre est très attaché à l'idée d'une "structure" sur Vernon, mais ne sait pas encore comment la nommer (!).

- Le CIO de Bernay disparaît pour fusionner avec celui de Pont-Audemer. Ah, si seulement on avait la même possibilité qu'à Vernon, mais bon, que voulez-vous, le Conseil général récupère ses locaux pour en faire autre chose, alors bon... Va falloir qu'on ferme, ma pauvre dame, vous comprenez ? Ah bah oui, je sais bien, tous ces pauvres gens... Mais bon, le Ministre a dit que ça fermait, sauf si une collectivité veut bien financer, on peut maintenir une "structure", comme pour Vernon. Mais bon, pour l'instant on n'a rien, alors hein ? Bon... On sent bien que le Conseil général n'est pas le seul à se désengager dans cette affaire ; le Ministère lui aussi semble s'en laver les mains...

- Le CIO de Montivilliers disparaît. Sans fioriture.

- Le CIO de Barentin disparaît pour fusionner avec celui de Rouen-centre. Il est proposé qu'une "permanence renforcée" se tienne dans les lycées de Barentin. une permanence renforcée, ça ne compense pas un CIO, ça n'a même rien à voir, c'est juste un collègue qui passe un peu plus de temps dans l'un de ses établissements d'exercice, non ?

- Question temps de travail en établissement, parlons-en, l'arbitrage ministériel conclut que chaque COP devra passer en moyenne 9h par semaine dans chaque établissement. Pourtant, aucun texte statutaire ne permet d'imposer ça aux collègues, le temps de travail dans chaque établissement fait partie des prérogatives d'organisation du COP lui-même, supervisé par son directeur. Problème : cette fois, c'est le Ministère qui réaffirme la bêtise imaginée par Mme le Recteur à l'origine avec ses 3 demi-journées par semaine et par établissement !!!

Soit dit en passant, avec une enveloppe budgétaire restreinte pour les frais de déplacements des COP, le Rectorat ne met pas les moyens de ses ambitions : Mme le Recteur prétend vouloir que les COP aillent plus en établissement, mais bon, pour s'y déplacer, ça se fera sur leurs deniers personnels. On croit rêver !

Quatre CIO ferment à la rentrée 2014, et pas un seul des quatre territoires concernés ne se voit proposé la même chose que les trois autres ! Où est la fameuse "équité" prônée par le Ministère ? A la poubelle !

Alors voilà : sous des dehors de dialogue, la Ministère laisse tomber les personnels et semble uniquement préoccupé par le fait de ne pas désavouer Mme le Recteur, tout stupéfiant d'imbécillité que soit son projet pour les CIO et pour les COP de son Académie !

Nous assistons à une manoeuvre à laquelle nous ne pouvions pas croire : le Ministre se couche à plat ventre devant le Recteur d'Académie ! Mais qui commande, à la fin ?

Tous ces messieurs du Rectorat et du Ministère invoquent le fait de ne pas pouvoir compenser financièrement les désengagements des Conseils généraux. Alors dans ce cas, cessons de faire croire aux usagers que toute cette réorganisation a pour unique objet l'amélioration du service, et disons leur clairement : l'Etat n'a pas les moyens de son ambition pour la jeunesse. L'Etat ne peut qu'essayer de faire croire que les enfants de ce pays ne seront pas sacrifiés ; mais il n'a rien à leur offrir !

Dans notre affaire, l'arbitrage proposé par M. le Ministre, et rapporté par M. l'Inspecteur général chargé de faire avaler des couleuvres, est scandaleux ! Un Recteur-fossoyeur peut donc ainsi être protégé !

Nous ne sommes pas dupes des belles paroles ministérielles, ronflantes de pseudo-dialogue social, et notre collectif affirme avec force : l'arbitrage de M. le Ministre n'est qu'un joli costume habillant un cadavre !

Le VRAI dialogue est toujours aussi inexistant avec l'administration !

TOUS MOBILISES ! SAUVONS NOS CIO !!!

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L
Signalons que le médiateur nommé par le Ministre, Jean-Pierre Bellier, est un ancien conseiller de Claude Allègre, et... directeur de cabinet de Jean Sarkozy (source : canard enchaîné). Un médiateur comme ça inspire la confiance, y'a pas à dire !
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