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Non à la fermeture des Centres d'Information et d'Orientation (CIO) dans l'Académie de Rouen

Le Rectorat de Rouen décide de fermer de nombreux CIO dans l'Académie en 2014-2015. Quelles conséquences pour les usagers, élèves, parents, étudiants, adultes ?...

Surdité... absurdité

Publié le 24 Avril 2014 par cio académie rouen in Informations

Surdité... absurdité

"Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd. Il n'entendait pas mieux." - Raymond DEVOS

Dans le dernier article, nous avons traité du mutisme du Rectorat depuis l'occupation par notre collectif du CIO de Bernay. Un mutisme récent, construit sur la base d'un monologue de l'administration académique concernant le projet -scandaleux- de "réorganisation" des CIO.

Mais cette parole confisquée, puis ce silence lourd de sens, ne sont-ils pas nés avant tout d'une surdité voulue, et incompréhensible, de la part de notre administration ?

Pourtant, les arguments à entendre ne manquent pas, pour démontrer à quel point le projet de "réorganisation" est construit à la va-vite, sans aucune pertinence (ni économique, ni éducative) et comporte des éléments nocifs pour la qualité du travail des conseillers d'orientation-psychologues.

1) Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation : rien n'oblige le Rectorat à fermer 5 CIO en septembre 2014, et surtout pas le Ministère. Suite au désengagement des conseils généraux, la Rue de Grenelle oriente davantage son propos vers la recherche active de solutions de financement par les académies, à l'adresse de partenaires tels que les municipalités ou les communautés de communes.

Or, le Rectorat de Rouen n'a engagé que peu de démarches en ce sens, voire aucune si l'on considère seulement les 5 CIO concernés par la fermeture en 2014. Précipitation ? Certainement. Nombre d'élus locaux expriment clairement le fait de ne pas avoir été approchés, et un certain nombre d'entre eux se déclarent pourtant prêts à contribuer en vue du maintien d'un service public de proximité.

Précipitation, donc. On prend une carte de l'Académie, on raie 10 CIO sur le coin d'une table, on balance l'info au visage des personnels sans prendre de gants, on n'anticipe rien des conséquences pour le public... Quelle est cette façon de faire ? L'académie est administrée par des robots, ou bien ?

2) En période de crise, il faut faire des économies : certes, mais qui a dit le contraire ? Supprimer des structures fait réaliser une économie de moyens immédiate pour le contribuable. Cependant, faire faire le double ou le triple de kilomètres à des fonctionnaires, avec ce que cela implique comme augmentation du remboursement des frais de déplacement, voilà qui annihile immédiatement toute cette belle économie !

D'autre part, le budget des CIO de l'Académie, autour de 150.000 euros par an pour l'ensemble, est une goutte d'eau comparée à l'océan d'économies qu'ils font réaliser à l'Etat, par le biais de la rescolarisation et du suivi de nombreux jeunes pour lesquels le risque de décrochage s'avère majeur.

Que l'on compare d'abord d'un côté le nombre de jeunes "rattrapés" par les CIO, et d'autre part le coût qu'aurait engendré la prise en charge de ce même nombre de jeunes par des dispositifs de réinsertion très coûteux ou les prestations chômage, et on en reparle après, de cette prétendue "économie" réalisée par la disparition des CIO... Que de gestionnaires à courte vue dans l'administration publique !...

3) C'est l'avenir de nos enfants : justement, parlons-en ! Les CIO sont des structures à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de l'institution scolaire. Dépendantes de l'Education Nationale, appartenance revendiquée et défendue par leurs personnels, les CIO y occupent une place singulière, ce qui garantit leur efficacité.

Les CIO sont le lieu d'affectation des COP, qui interviennent ensuite dans plusieurs établissements scolaires. Cela garantit leur neutralité quant aux situations des élèves, mais aussi un apport extérieur en terme d'analyse et de propositions d'actions.

Un COP n'oeuvre jamais en électron libre dans un établissement ; le CIO garantit sa neutralité, mais aussi sa fidélité à l'institution et sa disponibilité auprès des usagers. Nous intervenons dans les équipes éducatives, mais nous sommes régulièrement la voix discordante, celle qui empêche "de penser en rond", chose qui, loin de nous être reprochée, est à l'inverse très souvent mise en avant. Cette différence, nous la devons à notre appartenance à un CIO.

CIO dans lequel peuvent se déplacer des parents inquiets, mécontents, qui se questionnent... Et qui ne parviennent pas toujours à obtenir une réponse juste dans les établissements. Quand un relationnel famille/école est dégradé, le CIO est un lieu d'accueil qui oeuvre à la réconciliation, par son originalité "dedans-dehors" dans le système éducatif...

Un CIO qui disparaît, c'est la qualité du travail des COP qui part avec lui... Les enfants et leurs parents n'ont rien à retirer de bon de la disparition des CIO, vous l'aurez compris ; c'est tout l'inverse, ils ont tout à y perdre !

En conclusion, ces arguments sont toujours les mêmes depuis le début. Nous les répétons inlassablement, mais le Rectorat ne nous écoute pas. Le projet de "réorganisation" va casser un réseau de professionnels reconnus, qui travaille d'une manière singulière et efficace. Pour quel bénéfice ? AUCUN !

Cette surdité du Rectorat est inquiétante, dans une démocratie comme la nôtre. Quand tous les arguments, y compris économiques, s'avèrent en défaveur d'un projet, il vaut mieux écouter les gens qui les avancent.

A moins de s'enfermer dans la plus incroyable des absurdités !

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